GRAPHISYSTEME
L’activité graphique est au principe de mon approche « manuelle » et manipulatrice du monde en rappelant que l’œil palpe et que la main regarde.
Depuis ce temps mythique de l’enfance, mes yeux se plaisaient à se perdre dans et à travers les méandres de l’écriture, tirant de cette distraction un plaisir esthétique inédit.
Écrire ou dessiner c’est tout UN. Fort de ce crédo, le papier scolaire, ou support pour de l’écrit, où se proposant comme pure vacance pour mes gribouillis, serait à ces deux occasions le lieu pacifiant où figure et écriture s’essayent joyeusement à toutes les combinatoires.
Adulte, je n’ai pas perdu le fil de la ligne fine ou chargée de matière, elle se plie et se déplie selon les scénarios improbables du désir.
Si la ligne fait figure ; cette figure fait procession et active de suite le réflexe littéraire.
Si la ligne mime un texte ; ce texte se dépêche pour devenir texture, voire paysage. Une faune et une flore s’esquissent sans livrer de noms ni de propriétés vitales : leur écosystème est un « graphisystème » !
Mes peintures s’édifient à fleur d’une banale écriture manuscrite, au fur et à mesure de l’état d’avancement de la rêverie ,les mots et les phrases se déchargent de leur fonction sémantique et se mettent sans regrets à l’école buissonnière.
Les signes noirs négociant avec une constellation de tâches colorées jouent de leurs formes et de leurs matières au hasard d’un lancement récurrent de dés. Peut-être que de la sorte arrive-t-on à conquérir un petit lopin d’espace moins chargé de lieux communs.
Mes peintures qui prennent ironiquement le contrepied de la miniature et de la calligraphie disent leur désarroi face aux idéologies mottes-pourtant encore au pouvoir-pour promettre un renouveau qui peine à naître.
Imed Jemaiel